COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le Collectif en environnement Mercier-Est rend sa position publique
Le REM de l’Est de CDPQ Infra n’est pas un projet acceptable pour Montréal
Montréal, le 25 mai 2021

En décembre dernier, lors de l’annonce du projet, le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E) soulignait que le REM aérien dans Mercier-Est était inacceptable.  Depuis ce temps, plusieurs analystes et experts ont décortiqué ce projet.  Il devient de plus en plus évident que sous plusieurs aspects, et non seulement l’implantation aérienne du REM, ce projet est inacceptable et qu’il doit être arrêté.  C’est le constat auquel en arrive le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E) qui rend publique sa position.

Outre le fait que le REM aérien saccage les milieux de vie des résidents, son tracé qui dédouble en grande partie la ligne verte du métro dans l’axe est-ouest et le SRB Pie-IX dans l’axe Nord-Sud, encourage la cannibalisation et la fragilisation du réseau de transport collectif public, le privant d’une partie considérable de sa clientèle et donc de ses revenus.  Au niveau de la gouvernance, tout porte à croire que ce qui a été vrai pour le REM de l’ouest le sera également pour celui prévu dans l’Est (rendements garantis de 8 % par année sur l’investissement de CDPQ Infra, bail de 99 ans renouvelable pour une période identique à la discrétion de CDPQ Infra … ou des tiers privés auxquels la Caisse peut vendre le REM après cinq ans d’exploitation, etc.). Ceci constitue un important risque financier pour le gouvernement du Québec et les municipalités qui devront renflouer CDPQ Infra (ou d’éventuels investisseurs privés) en cas de rendements insuffisants ce qui risque de détourner vers le REM les subventions allouées aux autres sociétés de transport, dont la STM.  Cela, c’est sans compter toutes les charges qui devront être assumées par la Ville de Montréal.

Ce projet n’améliore en rien la desserte locale des citoyens de Mercier-Est qui, au contraire, risquent de voir certains services de transport interrompus ou diminués.  Cela est vrai également pour d’autres secteurs où circulera le REM.

Le Gouvernement du Québec a donné un chèque en blanc à la Caisse de Dépôts et Placement du Québec (CDPQ) et à sa filiale CDPQ Infra de développer son projet de transport collectif.  Or, CDPQ Infra est un organisme promoteur de la technologie du REM, c’est-à-dire un train léger automatisé (sans conducteur) sur rails en hauteur.  Il n’est donc pas un intervenant neutre dans ce dossier.  Tout porte à croire que les autres options de transport collectif (tramway, trambus, etc.) pourraient ne pas avoir été objectivement considérées, tant pour le choix de la technologie que du tracé ou des réels besoins de l’ensemble des usagers.  Pire encore, ce projet a été conçu sans l’implication des acteurs régionaux dans les domaines du transport et du développement urbain comme l’ARTM.

Pris individuellement, chacun de ces éléments impose un questionnement. Ensemble, ils démontrent à quel point le projet est inacceptable.

Pour toutes ces raisons, le CEM-E s’oppose au projet du REM tel que proposé et particulièrement à toute structure aérienne dans Mercier-Est. Il demande que son tracé soit réévalué de façon à être complémentaire aux autres services de transport collectif existants.  Il demande de mandater l’ARTM pour réaliser les études permettant de faire le choix de la meilleure option au niveau de la technologie associée au projet et que celles-ci fassent l’objet d’une véritable consultation publique auprès de la société civile.

Afin de tenter de démontrer sa bonne volonté pour améliorer son projet, CDPQ Infra tient actuellement des évènements virtuels où il invite la population à s’informer et à donner ses opinions.  Toutefois, à travers cet exercice, CDPQ Infra montre principalement sa mauvaise foi. Les questions sont filtrées, laissant la plus grande place à celles qui sont complaisantes ou faciles à réfuter et ne faisant pas mention des questions de fond.  Les réponses sont la plupart du temps évasives, des demi-vérités ou carrément discutables.  Il ne s’agit pas vraiment d’une réelle consultation publique mais d’une vaste campagne de relations publiques. Cet exercice doit être dénoncé.

En conclusion, le CEM-E estime que le projet du REM de l’Est présenté par CDPQ-Infra projet est fondamentalement mauvais tant à court qu’à long termes et doit être arrêté. Notre organisme invite la population à consulter sa position complète sur son site internet à l’adresse collectifeme.ca.

Note :

Le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E) est un organisme visant à regrouper les citoyens et citoyennes, groupes, organismes et institutions œuvrant dans Mercier-Est et ses environs afin de participer collectivement au développement durable de ce secteur et à l’amélioration de sa santé environnementale.  Il veut s’assurer que le développement de Mercier-Est et de l’Est de l’île de Montréal se fasse dans le respect de la qualité de vie et des droits de ses citoyens et citoyennes

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POSITION DU COLLECTIF EN ENVIRONNEMENT MERCIER-EST (CEM-E) CONCERNANT

LE PROJET DU REM DE L’EST DE CDPQ INFRA

L’Est de l’Île de Montréal est sous-équipé en infrastructures de transport collectif.  Le CEM-E est donc favorable à des investissements afin d’y implanter un mode de transport collectif structurant.  La proposition du Gouvernement du Québec et de CDPQ Infra est toutefois inacceptable pour les raisons suivantes :

Sur le REM aérien :

  1. Le REM aérien est inacceptable car il charcute les milieux de vie existants des citoyens et commerçants dont les bâtiments sont situés à proximité du tracé retenu pour cette infrastructure majeure et ce, dans des secteurs densément peuplés.
  2. Le REM aérien va créer une cicatrice urbaine et générer de multiples impacts négatifs majeurs (visuels, sonores, ombres projetées, sécurité des piétons et des usagers de la route, etc.) pour les quartiers traversés par une structure principalement aérienne, du centre-ville à l’extrémité est de l’île.
  3. Le REM est souterrain dans Rosemont, Saint-Léonard et Montréal-Nord, mais aérien dans Mercier-Est. Les résidents de notre quartier en concluent qu’ils sont traités comme des citoyens de deuxième classe.

Sur l’impact sur le réseau de transport collectif existant :

  1. À cause de sa proximité avec la Ligne Verte du Métro ainsi qu’avec le SRB Pie-IX dans l’axe nord-sud et sa localisation à la hauteur de la rue Sherbrooke dans l’est, le REM ne pourra que cannibaliser les services de transport collectif existants et il n’ajoutera que peu de service à la population des quartiers traversés du centre-ville à la limite de Mercier-Est.
  2. Le CEM-E dénonce l’obligation de non-concurrence et de rabattement vers le REM des réseaux de transport publics afin de maximiser l’achalandage du REM et lui assurer une plus grande rentabilité. Les autres circuits de transport collectif sont considérés comme des concurrents et non comme des partenaires.
  3. Il est probable que plusieurs circuits d’autobus express vers le centre-ville ainsi que la desserte locale de plusieurs secteurs traversés par le REM soient diminués dans Mercier-Est, principalement dans l’axe Est-Ouest.

Sur l’impact du REM en milieu urbain

  1. Le REM n’est pas conçu pour être implanté dans une zone urbaine. Il impose des contraintes énormes au niveau de l’aménagement.
  2. Des sommes importantes devront être engagées par les arrondissements/municipalités pour ajuster leurs aménagements urbains à la présence du REM.

Sur le rôle de CDPQ Infra dans le processus actuel et la mise à l’écart de l’ARTM

  1. CDPQ Infra est un organisme promoteur de la technologie du REM, c’est-à-dire un train léger automatisé (sans conducteur) sur rails en hauteur. CDPQ Infra n’est pas un intervenant neutre dans ce dossier.  Tout porte à croire que les autres options de transport collectif (tramway, trambus, etc.) n’ont pas été objectivement considérées, tant pour le choix de la technologie que du tracé ou des réels besoins de l’ensemble des usagers.
  2. Le projet du REM annoncé en décembre dernier a été conçu par CDPQ Infra sans implication des acteurs régionaux dans les domaines du transport et du développement urbain. CDPQ Infra demeure extrêmement réticent à toute modification de son projet.
  3. Tout porte à croire que les consultations de CDPQ Infra ne viseront que des éléments accessoires du projet du REM tel que présenté et ne permettront pas de remise en question sérieuse de la technologie associée au REM.
  4. L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) est l’organisme qui devrait planifier le développement du transport collectif. Or, celle-ci a été complètement écartée du processus d’élaboration du projet.

Sur les questions de gouvernance avec CDPQ Infra

  1. Plusieurs clauses de l’entente entre le gouvernement du Québec et CDPQ Infra pour le REM de l’Ouest (par exemple, rendements garantis de 8 % par année sur l’investissement de CDPQ Infra, bail de 99 ans renouvelable, droit de vendre à des intérêts privés après cinq ans) constituent un important risque financier pour le Gouvernement du Québec et les municipalités qui devront renflouer CDPQ Infra (ou d’éventuels investisseurs privés) en cas de rendements insuffisants. Le CEM-E craint qu’une entente similaire soit en vigueur pour le REM de l’Est. Cela risque de détourner vers le REM les subventions allouées aux autres sociétés de transport, dont la STM et risque donc ainsi d’entraîner une réduction de service.

Pour toutes ces raisons, le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E) :

  • S’oppose au projet du REM tel que proposé et à toute structure aérienne dans Mercier-Est.
  • Demande que le tracé soit réévalué de façon à être complémentaire aux services de transport collectif existants et ainsi mieux desservir la population de Mercier-Est.

Le CEM-E demande au Gouvernement du Québec :

  • De mandater l’ARTM, en concertation avec la Communauté Métropolitaine de Montréal (CMM), pour réaliser une analyse des besoins en transport collectif dans l’est de Montréal, incluant une analyse coûts-bénéfices des solutions technologiques adaptées à ces besoins.
  • De surseoir immédiatement à tous les travaux associés au REM de l’Est, incluant sa conception, pendant la réalisation des études mentionnées ci-dessus.
  • De tenir une consultation publique auprès de la société civile (citoyens, organismes, entreprises, élus) sur les conclusions de cette analyse et l’examen des alternatives proposées.