EST DE MONTRÉAL
L’ARTM recadre les propos d’un consultant au sujet du tramway

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Cliquez ici: L’ARTM recadre les propos d’un consultant au sujet du tramway, un texte de Philippe Teisceira-Lessard
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PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD
LA PRESSE
Les résidants de l’est de Montréal ne devraient pas acheter immédiatement un billet de tramway. Le consultant externe de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) qui a mis ce scénario de l’avant jeudi au 98,5 FM « ne parlait pas au nom de l’ARTM », indique l’organisation, qui reconsidère ses liens d’affaires avec lui.

Le directeur général Benoît Gendron a fait valoir que son organisation voulait évaluer tous les modes de transport possibles, sans privilégier le tramway. La mairesse de Montréal a d’ailleurs accueilli froidement l’idée.

« Aller dire que ça va être un tramway, ça m’apparaît un raccourci important », a dit M. Gendron, vendredi en entrevue téléphonique. « Laissez-nous étudier l’ensemble des options. On veut étudier les différents modes. »

« On ne veut pas se contraindre dans un mode et dire “voici la solution !” avant même qu’on ait étudié les besoins en matière de développement. »
— Benoît Gendron, directeur général de l’ARTM

La veille, le consultant en affaires gouvernementales François Rebello avait accordé une entrevue à l’émission Le Québec maintenant au 98,5 FM, dans laquelle il affirmait que l’ARTM étudiait un projet de tramway. M. Rebello a un mandat de l’ARTM depuis l’automne dernier.

Le tramway, « c’est une option qui est étudiée », a dit M. Rebello jeudi dans le cadre de l’entrevue. « Si on veut être capables de rester en surface avec un train, il faut nécessairement croiser des routes. Et pour ça, on a besoin d’un chauffeur. À partir du moment où on étudie autre chose qu’un mode automatique, ça veut dire qu’on veut être en surface. En surface, ça ressemble pas mal à un tramway. »

M. Rebello a vanté l’option. « Pour les citoyens, de voir des tramways passer dans les rues, ça n’a pas le même impact négatif qu’un truc surélevé », a-t-il ajouté, toujours sur les ondes du 98,5 FM.

« Je parle en mon nom de consultant »

Appelé à commenter, M. Rebello s’est défendu d’avoir outrepassé son mandat.

« Je parle en mon nom de consultant notamment de l’ARTM et non au nom de l’ARTM et je n’ai jamais prétendu autre chose », a-t-il déclaré par écrit.

« J’ai dit que l’option du train avec conducteur (tramway) serait étudiée par l’ARTM et c’est ce que confirme le DG de l’ARTM, a-t-il ajouté. On verra suite à l’étude quelle solution sera privilégiée en tenant compte des avantages et inconvénients des différentes technologies. »

Benoît Gendron a affirmé avoir été surpris en entendant M. Rebello à la radio.

« M. Rebello ne parlait pas au nom de l’ARTM, a-t-il dit. Pour ce qui est de s’il demeure à l’emploi de l’ARTM, il y a des éléments à regarder. Premièrement, on va lui demander de ne pas reprendre la parole publiquement. […] Je ne commenterai pas ça sur la place publique. »

Plante accueille froidement l’idée

La mairesse Valérie Plante a accueilli froidement l’idée de transformer le projet structurant de l’Est (ex-REM de l’Est) en réseau de tramway, vendredi.

« J’aime les tramways, notre équipe aime les tramways. Mais il ne faut pas oublier que c’est un mode de transport plus lent. Ça remplit d’autres fonctions », a-t-elle dit, en marge d’une conférence de presse. « Il ne faut pas remettre en question le projet tel que présenté. »

« Un tramway peut être complémentaire. Mais il y a une raison pour laquelle ce mode-là [le train léger automatique] est particulièrement intéressant, c’est ce que c’est rapide. On veut que, pour les gens de l’Est, ce soit facile de se déplacer. »
— Valérie Plante, mairesse de Montréal

La mairesse ne voit pas de blocage particulier dans le dossier du projet structurant de l’Est (PSE), confié à un groupe de travail public après l’abandon du REM de l’Est par la Caisse de dépôt et placement au printemps 2022. Elle considère toujours que le projet entièrement souterrain de 36 milliards de dollars présenté au début de l’été mérite une étude approfondie, avec une attention accordée à « chaque ligne comptable » pour trouver des économies.

« Je ne pense pas qu’il y ait une impasse, pour être bien honnête avec vous, a-t-elle dit. Et pour le premier ministre et pour moi, il y a une nécessité et une réelle volonté d’avoir un projet qui va répondre au besoin. »