OPINION

4 juin 2022

Un sondage bien moins convaincant que certains le prétendent

La Chambre de commerce de l’Est de Montréal a récemment rendu public un sondage Leger portant sur l’ancienne version du REM de l’Est, celle avec un train aérien au cœur du centre-ville.

Pourquoi 46 % des répondants de ce sondage habitent-ils des arrondissements traversés par la ligne orange comme Ahuntsic ou le Plateau Mont-Royal?

Pourquoi ne pas avoir vérifié les connaissances des répondants sur la nature du REM de l’Est? Aucune question sur le volet aérien, aucune sur ses impacts spécifiques. Rien sur le tronçon souterrain. Une seule question sur la nature du REM… qui démontre l’ignorance généralisée des répondants:  41 % ignore si une station du REM est projetée à proximité de leur quartier.

Pourquoi le sondage insiste-t-il sur les déplacements en direction du centre-ville avant d’aborder d’autres sujets? Voulait-on orienter les réponses?

La présentation des résultats ne permet pas de saisir les différences d’opinions entre les répondants vivant à proximité de la ligne orange, de ceux avoisinant le REM aérien ou le REM souterrain projetés.

Pourquoi dans la présentation des résultats, néglige-t-on de mettre en évidence les questions ayant eu les taux d’approbation les plus significatifs? À la place, on met de l’avant une donnée erronée et des arguments hautement contestables.

Les questions ayant obtenu la plus haute approbation sont : L’Est de Montréal a besoin d’investissements structurants; L’Est est mal desservi par le transport en commun; L’Est a besoin d’une nouvelle infrastructure de transport d’ici les 10 prochaines années; avec des pourcentages de 82, 79 et 74 %.

Surtout, 71 % des résidents affirment qu’« il faut prendre le temps de consulter la population de l’Est de Montréal avant d’aller de l’avant avec ce projet même si cela retarde les travaux de quelques années ».

Dans la lettre intitulée « De l’ambition pour l’Est, de l’ambition pour Montréal », les amoureux du REM ont plutôt choisi de propager une erreur d’interprétation, celle à l’effet que « Lucides et inquiets, 84 % des résidents estiment aussi qu’il faudra attendre une génération si le projet était abandonné ». C’est faux. Archi faux. À cette question, le vrai pourcentage concernant la population de l’Est est 46 %, très loin de 84%.

L’argument que la Chambre de commerce de l’Est et de ses alliés tentent de faire avaler est que depuis quarante ans, tout projet dans l’Est est condamné à traîner en longueur. Pourtant, en 2003, le train de Mascouche était présenté comme LA SOLUTION. Ses stations Pointe-aux-Trembles, Rivière-des-Prairies, Anjou, Montréal-Nord devaient grouiller de monde. Autour d’elles, le développement urbain serait effréné. 760 millions $ d’argent public plus tard, ces lieux sont déserts et le développement, invisible.

Pourquoi faudrait-il se lancer aveuglément dans un autre processus immensément coûteux, afin de répondre à une vision du progrès au service de quelques privilégiés plutôt que de la population qui paiera la note, comme toujours?

Pour les citoyens, le critère le plus important pour évaluer un réseau de transport collectif est sa connectivité avec le métro et les autres composantes du réseau de transport collectif. Faciliter les déplacements vers une variété de destinations et non seulement vers le centre-ville est un objectif auquel le REM de CDPQ Infra échouait lamentablement.

Pour un citoyen se rendant d’un endroit à un autre, l’important n’est pas d’aller vite entre deux points intermédiaires. C’est l’ensemble du déplacement qui importe, surtout s’il faut marcher de très longues distances, monter ou descendre des dizaines de marches avec poussette et bagages.

Prenons le temps de faire les choses correctement. Laissons l’ARTM mener objectivement l’analyse des différentes options de transport collectif. C’est pourquoi nous disons NON à l’ingérence politique.

CDPQ Infra a été sourd et aveugle aux protestations des citoyens et des experts pendant un an et demi. Cette obstination a généré un incroyable gaspillage de temps, d’énergies et d’argent. Ne recommençons pas la même erreur !

Encourageons plutôt la population à participer activement au processus.

Ensemble, réussissons un projet de transport collectif véritablement structurant.

Daniel Chartier,

Vice-président président du Collectif environnement Mercier-Est (CEM-E) et responsable du dossier transport collectif