Ce jeudi 28 septembre, des intervenants municipaux étaient au rendez-vous lors de la présentation officielle de la noue de biorétention du parc Honoré-Mercier. Il s’agirait d’une véritable innovation municipale en matière de gestion des eaux de pluie et les premiers résultats voient maintenant le jour à la suite de sa construction, il y a un an.
Les changements climatiques, qui s’accélèrent de façon exponentielle, impactent la météorologie : « On a eu une année assez chargée avec le verglas, les canicules, les feux, le smog ou encore les pluies », rappelle Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondissement de MHM. En effet, la fréquence des pluies diluviennes s’abattant sur Montréal ne cesse d’augmenter et ces dernières dépassent la capacité du réseau d’égout municipal, occasionnant des inondations qui ont de graves répercussions sur le milieu urbain.
Ouranos, dont la mission est d’aider la société québécoise à mieux s’adapter aux changements climatiques, « prévoit une augmentation de 18% des pluies d’ici 2050, ce qui engendrera 2 fois plus d’hébergements inondés d’ici-là » informe Marie Dugué, ingénieure et cheffe d’équipe au Service de l’eau de la Ville de Montréal. « Durant les deux derniers été, nous avons eu deux pluies de récurrence supérieures à 25 ans et trois pluies de récurrence supérieures à 100 ans », poursuit-elle.
Cet enjeu constitue une réelle préoccupation pour la directrice de l’arrondissement de MHM : « Il faut que notre arrondissement devienne plus résilient et agréable à vivre pour faire face aux changements climatiques et aux différents événements climatologiques auxquels on est obligé de faire face », déclare Véronique Belpaire.
Dans l’objectif de palier cette problématique d’inondation due aux pluies, une noue de biorétention a été construite il y a un an au parc de planches à roulettes du parc Honoré-Mercier, situé dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
Mais de quoi s’agit-il au juste? Une noue de rétention consiste en une dépression du sol qui sert à recueillir, à retenir et à transporter l’eau afin que celle-ci s’infiltre, et ce, grâce à la végétation. Les puisards de trop-plein présents dans le centre de la noue servent à recevoir l’excédent d’eau qui ne pourrait s’infiltrer normalement et à éviter ainsi les débordements. Lorsque les biorétentions sont installées à grande échelle dans une ville, il est possible de diminuer considérablement les volumes d’eau acheminés dans les canalisations et diminuer ainsi les débits de pointe lors de forts évènements pluvieux.
Ce projet d’avant-garde est rendu possible grâce au soutien financier du gouvernement du Québec dans le cadre du programme Climat municipalités, qui appuie l’expérimentation de technologies vertes et d’innovations sociales. Bénéficiant d’une enveloppe de 1,9 M$, la noue de biorétention en question couvre une surface de 1550 m2.
Lors de l’installation d’un tel dispositif, il devient alors possible, dans la foulée, de planter diverses espèces et d’accroître la biodiversité du site. Ce dernier comporte 17 arbres, 1500 arbustes et graminées qui contribuent à l’absorption de l’eau et à son retour dans l’air par évapotranspiration. Le travail de sélection des espèces s’est avéré être un véritable défi : « Le choix des végétaux se devait d’être adapté aussi bien à des conditions d’inondation que de sécheresse, mais aussi de résistance aux sels de déglaçage », explique Sier-Ching Chantha, agente de recherche en verdissement à l’arrondissement.
Le Service de l’eau effectue régulièrement des observations de la noue de biorétention, dont résultera un guide qui permettra aux équipes de s’orienter dans les agencements de végétaux et dans l’élaboration des pratiques d’entretien à favoriser dans les infrastructures vertes.
À la suite des différents discours des personnes impliquées dans ce projet, le public a pu bénéficier de la visite des trois stations : gestion des eaux pluviales, aménagement et biodiversité. Les participants ont aussi pu poser toutes leurs questions aux intervenants.
Deuxième phase du projet
En plus de recevoir les eaux du parc de planches à roulettes, la noue a pour objectif de maximiser son potentiel et de rayonner ainsi à plus grande échelle. À long terme, les équipes du projet souhaitent recueillir les eaux de ruissellement de la rue Notre-Dame, qui elle-même reçoit déjà celles des rues en amont lors d’épisodes de forte pluie. Il leur faudra réfléchir à la façon de raccorder la rue Notre-Dame à la noue de biorétention et d’ensuite raccorder la noue au fleuve. Ce travail se fera sur plusieurs années.
Ce futur dispositif permettrait au parc de planches à roulettes de devenir un parc résilient riverain. Ce dernier conserve son rôle initial, excepté qu’il est actuellement conçu de façon à recueillir et retenir temporairement les eaux d’un secteur périphérique lors d’épisodes de forte pluie. Un parc résilient gère l’eau en surface, l’eau du parc, mais aussi celle du secteur avoisinant. « Le concept du parc résilient est de choisir où l’on va envoyer l’eau plutôt que de subir les impacts », explique Marie Dugué.
En plus d’aménager des espaces publics résilients comme la noue du parc Honoré-Mercier, la Ville de Montréal priorise deux autres axes d’intervention pour palier les épisodes de pluies intenses. L’un consiste à inclure des infrastructures vertes drainantes dans les projets de réfection des rues. La deuxième initiative est d’adapter les bâtiments et de verdir les stationnements afin de retenir les eaux et qu’elles s’infiltrent dans le sol avant qu’elles ne soient acheminées vers le réseau.
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