Montréal, le 14 janvier 2025
Ville de Montréal
Service de l’environnement
801, rue Brennan
Montréal, Québec, H3C 0G4
Attention : M. Roger Lachance, ing
Directeur du Service de l’environnement
Objet : Demande de mise à niveau, Réseau de surveillance de la qualité de l’air Arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
M. Lachance,
Depuis plusieurs années, le bilan de la qualité de l’air pour l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM) de la Ville de Montréal est incomplet. L’absence de mesures pour de nombreux polluants atmosphériques résulte en une méconnaissance de la situation réelle. Les citoyens ignorent à quoi ils sont exposés. Des données les plus récentes du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal tendent à démontrer une importante incidence de la pollution atmosphérique dans l’Est de Montréal sur la santé et l’espérance de vie de ses habitants. Malheureusement, la réputation historique peu enviable du secteur en matière de qualité de l’air persiste. Cette situation doit être corrigée, afin d’éliminer ces iniquités et de pallier les lacunes existantes : c’est une question de santé publique.
Les quartiers de MHM sont caractérisés par la présence d’artères principales de circulation, un trafic omniprésent, du camionnage 24 heures par jour, des congestions régulières et le transport de matières dangereuses. En plus du port de Montréal, ces quartiers sont enclavés ou encerclés par des opérations industrielles lourdes uniques à l’Est de la ville. Ces sources de pollution coexistent avec des milieux de vie résidentiels établis depuis longtemps. Dans ce contexte, le Réseau de surveillance de la qualité de l’air (RSQA) de la Ville de Montréal n’apparaît pas répondre adéquatement aux enjeux identifiés et aux prétentions de la Ville.
Dans un premier temps, la station d’échantillonnage Hochelaga-Maisonneuve #50 demeure le parent pauvre du RSQA. Par son programme d’un seul paramètre analytique (PM2,5), cette station ne peut répondre aux objectifs énoncés dans les différents bilans de la Ville, soit de mesurer les impacts des activités du port de Montréal et la circulation du boulevard Notre-Dame, les feux d’artifices de Loto-Québec, les autres activités humaines ayant une portée locale. Les sources de pollution provenant notamment des imposantes activités industrialo-portuaires impliquent la présence potentielle de plusieurs autres contaminants non mesurés.
Selon la Ville de Montréal, l’indice de la qualité de l’air (IQA) est le plus élevé des sous-indices calculés pour cinq des polluants mesurés en continu selon les stations du RSQA : CO, NO2, O3, PM2,5 et SO2. En raison de la mesure d’un seul paramètre à la station # 50, la position de cette station en la tête du palmarès de l’IQA apparaît questionnable. Selon une correspondance antérieure, la Ville invoque le manque d’espace limitant l’installation d’équipements d’échantillonnage à cette station. Nous considérons que ce motif ne peut justifier la situation actuelle. L’obtention d’un portrait juste et complet de la qualité de l’air dans ce secteur est primordiale, si la station doit être relocalisée afin de générer des données plus représentatives des nuisances, que cela soit fait.
Dans un deuxième temps, le quartier Mercier-Est n’a toujours pas de station permanente du RSQA. Le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, le trafic de l’autoroute 25 (l’A25) et le passage quotidien de 2400 camions allant et venant du port de Montréal à la sortie Curatteau, impliquent un trafic en continu de jour et de nuit. Des congestions permanentes sur la voie rapide et sur les artères principales, une surcapacité de véhicules sur les rues transversales ainsi que la circulation omniprésente de poids lourds, sont des enjeux quotidiens vécus par les résidents du quartier Mercier-Est, qui est situé en aval éolien de l’A25. Les stations # 50 et mobile # 25 implantées à des distances respectives de 5 et 1 kilomètres en amont éolien de l’A25 n’apportent aucune information sur l’impact de ces sources de pollution sur le quartier. Il en est de même pour la station Anjou # 6 située à l’intersection sud-est de l’échangeur Anjou et de l’A40 et influencée par des couloirs de vents dominants différents de ceux qui soufflent sur Mercier-Est.
Les autorités de la santé de l’Ontario considèrent que la circulation des véhicules sur les autoroutes est responsable de pollution atmosphérique marquée à l’intérieur d’un corridor de 500 mètres de celle-ci. Du port de Montréal jusqu’à la limite sud de l’arrondissement Anjou, on retrouve dans le corridor du quartier Mercier-Est, trois Centres de la petite enfance, cinq Centres d’hébergement et de soins de longue durée, dix écoles primaires et secondaires et environ 8000 résidents. L’A25 à la sortie du pont-tunnel demeure la seule voie rapide de Montréal, adjacente à un quartier résidentiel, à ne pas être couverte par le RSQA.
À la lumière de ces informations, le Collectif en environnement Mercier-Est, la Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM, le Conseil régional de l’environnement de Montréal, l’Association québécoise des médecins en environnement et le Groupe environnemental STOP demandent à la Ville de Montréal de corriger dès maintenant ces lacunes et d’apporter les modifications suivantes :
- Mettre en place les équipements nécessaires à la station # 50 pour l’échantillonnage et la mesure des CO, NO2, O3, PM2,5 et SO2, COV et métaux;
- Au besoin relocaliser la station #50
- Mettre en place une station d’échantillonnage permanente et complète en bordure Est de l’A25 à proximité d’une artère principale;
- Obtenir du ministère des Transports et de la Mobilité durable, les résultats de la qualité de l’air des stations temporaires mises en place durant les travaux au pont-tunnel (Ré : lettre du CEM-E acheminée à la Ville de Montréal le 8 octobre 2024).
Dans l’attente de votre réponse et en vous remerciant de votre collaboration,
Jacques Laurin
Collectif en environnement Mercier-Est
Membre du CA et responsable du Comité nuisances urbaines
Ronald Daignault
Collectif en environnement Mercier-Est
Membre du CA
Elisabeth Greene
Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM
Josée Desmeules
Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM
Emmanuel Rondia
Directeur général
Conseil régional de l’environnement de Montréal
Patricia Clermont
Association québécoise des médecins en environnement
Organisatrice et porte-parole
Charles Mallory
Groupe environnemental STOP
Représentant du comité de recherche
Bruce Walker
Groupe environnemental STOP
Représentant du comité de recherche
Cc :
Marie-Andrée Mauger, Mairesse d’arrondissement de Verdun, Membre du comité exécutif, responsable de la transition écologique et de l’environnement.
Fabrice Godefroy, Chef de section, Réseau de surveillance de la qualité de l’air, Service de l’environnement, Ville de Montréal.
Jamil Jimmy Dib, Chef de division, Service de l’environnement, Ville de Montréal.
Mylène Drouin, Directrice régionale de santé publique – Direction régionale de santé publique CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.
Thierry Sénécal, Chef de section à la transition écologique et résilience, arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.
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